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Décès du guide de haute montagne André Gauci

C'est avec tristesse que le G.H.M. apprend le décès d'André Gauci, le 3 juillet 2025.

Grand guide et excellent alpiniste, il avait ouvert de nombreuses voies dans les Alpes françaises, notamment dans le Vercors et en Oisans.

Il avait été le premier français avec les guide Jacques Dupont à parcourir la célèbre voie du Nose au El Capitan en 1967 (5ème ascension), dans le Yosemite, en Californie (USA).

Extrait de l'article de Patrick Cordier et d'André Gauci dans la « Montagne et alpinisme ».

AU BIVOUAC, LES DEUX GUIDES BOIVENT UNE DERNIÈRE GORGÉE DE LIQUIDE, DU JUS D'ORANGE QUE LA CHALEUR A FAIT TOURNER. C'EST DU VINA

En 1967, deux français, guides patentés pour de fraîches escalades, Jacques Dupont et André Gauci, firent l'expérience de la soif et d'un commencement d'agonie au Capitan (cinquième ascension du Nose et première française).
Au lieu de prendre 40 litres d'eau comme on le leur conseillait, les Français n'en prirent que 20. Le Nose, c'est 900 mètres de paroi, des pendules qui en rajoutent et, à cette date, entre 600 et 700 pitons à tabasser. Un bidon de 5 litres explosa dans un hissage au soir du premier jour (25 avril) après des longueurs pendulaires qu'ils pensaient irréversibles. Reste 11 litres d'eau à l'aube du 26, dont 4 litres de jus d'orange. L'ascension demanda cinq jours : sortie le 30 avril à 23 h. 11 litres pour cinq jours et pour deux grimpeurs, c'est 1,1 litre par jour et par grimpeurs, une ration inférieure à la ration quotidienne d'un homme au repos et à l'ombre par une température de 27°C. Le pompon, c'est que la chaleur fit tourner le jus d'orange. C'est du vinaigre et ça pue. Ils prendront néanmoins le risque de le boire au soir du 27. Gauci : Ça nous brûle la gorge, ça nous fait tousser, mais l'essentiel est d'ingurgiter du liquide. Gauci enfle. Ses yeux, pleins de poussière, sont secs et douloureux. Au bivouac du 29 avril (une vire au-dessus du Grand Toit), les deux guides boivent leur dernière gorgée de liquide, du vinaigre d'orange, et glissent un billet dans un bidon qu'ils jettent : 48 h sans manger, plus rien à boire. Si nous ne sortons pas samedi soir, nous sommes perdus. À vous de jouer.

Peur et souffrance
Le 30 avril, se dopant comme tous les matins avec cinq cachets de vitamine C et dix pastilles de sel, les deux hommes attaquent les dièdres de sortie dans un état second. Ils ont les coups d'audace et les négligences de l'extrême fatigue. Pendant que Dupont dépitonne, un relais cède sous Gauci qui fait 2 mètres de chute. Ils mâchent des brins d'herbe, de minuscules plantes grasses et sucent leurs mousquetons. En pleine nuit, dans la dernière longueur, bloqué par le tirage, Gauci se décorde et se réencorde après avoir failli dévisser. Il ne peut plus parler quand il sort in extremis de la voie. Un feu brille quelque part sur le plateau. Longuement, on les regardera boire.

Merci à son ami, Patrick Barthe de nous avoir communiqué l'information. Condoléances à la famille.




Actu proposée par Yves SAVOYE-PEYSSON

Mise en ligne le lundi 28 juillet 2025 à 10:20:54

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