Thuriféraires !...Thuriféraires !...Vous avez dit : thuriféraires ? Comme c'est anti-thuriféraires !
Thuriféraires !...Thuriféraires !...Vous avez dit : thuriféraires ? Comme c'est anti-thuriféraires !
Louons le GHM qui a pris l'initiative d'organiser cette première conférence virtuelle, permettant au plus grand nombre de mettre à jour leurs savoirs sur l'expédition à l'Annapurna de 1950 et d'acquérir les éléments de réflexions propres à se forger une opinion sur celle-ci ; et plus encore sur « l'affaire » suscitée à partir des années 1990.
Ceux qui suivent cette dite affaire auront pris connaissance, avec le plus grand intérêt, du livre de Christian Greiling : « Annapurna 1950 ». J'apporte ici deux précisions.
Le GHM avait bien relevé et exposé dans « Cimes 2015 » aux pages 156,157 et 158 que :
- non seulement les propos d'Herzog concernant l'état psychique de Lachenal au cours de la descente étaient une reproduction de ceux du témoin direct de ces faits : Lionel Terray, publiés plusieurs fois par ce dernier;
- qui plus est, cette reprise des propos de Terray par Herzog bénéficiait d'une rédaction plus modérée que l'originale.
Un autre point de détail que je souhaite souligner, car dans cette affaire le tri entre l'incompétence, la bonne et la mauvaise fois, la malveillance des divers intervenants n'est pas facile à faire. Toujours dans Cimes 2015, je citais trois exemples de ces dérives.
Celles signalées par Christian Greiling dans son livre aux notes 76 et 88 citent la journaliste Nathalie Lamoureux prise en flagrant délit de rédactions inverses entre ses articles du 30 août 2012 et du 18 juillet 2013. Ce qui conduit pour le moins à une vision peu positive de l'auteure.
Que tout le monde sache bien que Nathalie Lamoureux est la seule journaliste qui, à la suite de mon intervention, a pris le risque de corriger la teneur de son premier article. De mon point de vue cette contradiction entre les deux articles témoigne avantageusement de l'honnêteté intellectuelle et professionnelle de cette personne. Dont acte !
D'un point de vue plus général, le recul nous montre que le moteur principal de cette affaire, bien au-delà des problèmes de personnes et d'une volonté de recadrage (sic) historique, fut essentiellement d'ordre économique, ses protagonistes ayant tous tirés bénéfices de leurs diverses publications et éditions. Manne renouvelable à perpétuité.
La liste des ouvrages à venir n'est pour l'instant pas connue, mais elle s'appuiera sur des fondamentaux que les détracteurs de l'expédition de 1950 excellent à mettre en oeuvre : la polémique et le rapport financier.
Ces gens sont loin des « horizons gagnés ». Gageons que leurs thuriféraires ne seront pas légions.
Une fois pour toute :
- L'expédition de 1950, organisée par la Fédération Française de la Montagne par et dans le rôle institutionnel qui était le sien, fut par essence : nationale ; comme les équipes de France de ski, d'athlétisme ou de football de l'époque. Pas plus que ces dernières elle n'eut de ressort nationaliste. Son objectif ne pouvait être de relever le moral de la France d'après-guerre, puisque conçue dans sa forme et son esprit dès 1933 par le GHM et le Comité de l'Himalaya. Cf : Cimes 2015 p. 147 et le travail de Frédéric Vagneron cité à la précédente référence.
- Le « témoignage écrit » de Rébuffat concernant le chantage à l'emploi d'un « envoyé » de la FFM à l'encontre de Lachenal est remis en question par C. Greiling, Lachenal aux dates concernées n'étant pas chez lui. Mais qu'aurait fait les guides de Chamonix, et particulièrement Rébuffat, alors tout puissants au sein de l'ENSA, dans un tel cas de figure ? Pauvre FFM ! Poser la question c'est y répondre ! A chacun de se faire son opinion !
- La narration, lors de la descente/sauvetage, de l'état psychologique de Lachenal dans Annapurna premier 8000 l'a manifestement blessé puisqu'il tente de rétablir l'équilibre dans ses notes. Elle sera fortement reprochée à Herzog. C. Greiling l'a parfaitement souligné dans son livre et au cours de sa conférence comme je l'avais fait dans Cimes 2015 pages 156,157 et 158. Les rédacteurs d' Annapurna premier 8000 l'ont rédigée à partir des notes de Terray, témoin direct et meilleur ami de Lachenal. Ce dernier en avait connaissance puisqu'elles avaient été publiées dans Alpinisme de Décembre 1950. Dans Annapurna premier 8000 les tournures de Terray sont plutôt atténuées. Donc dire qu'Herzog a voulu faire passer Lachenal pour un fou c'est charger Terray de cette démarche. Donc ? Un peu d'analyse et de recul ne s'imposeraient-ils pas !
- Le guide Lachenal s'est sacrifié pour l'amateur ? sous-entendu : incompétent ? Herzog ! Affirmation reprise à l'envi ? Or, qui se retrouve seul au sommet sans « son guide » ? Qui, commence de descendre sans attendre son compagnon ? Qui, retrouve seul, les tentes du camp V ? Qui ne les retrouve pas, perd un crampon et chute et devra la vie sauve à son ami Terray ? Alors, un guide et son compagnon ou deux alpinistes passionnés à égalité sur ce terrain de l'Annapurna ? Une affaire d'éthique professionnelle ou de cordée ? Question à laquelle Lachenal a répondu sans ambiguïté mais pour voir son propos dévoyé par Roberts et consorts ! A vous d'apprécier !
- Toujours sous forme de questions : Herzog a-t-il : saboté la voiture d'Oudot ; poussé Lachenal dans la crevasse ; fait tomber des pierres sur Couzy et Terray ; provoqué le cancer chez Rebuffat ; laissé mourir Schatz et Ichac sans intercéder auprès de sainte Thérèse d'Avilla ? Ou bien, est-ce la rédaction et le journaliste de Paris Match qui les premiers ont éliminé tous les camarades d'Herzog dans le numéro 100 du 17 février 1951 ? A vous de conclure !
- En août 1951, au retour de l'ascension épique de La Walker par Heckmair et Koellensperger, Herzog les invita à déjeuner en compagnie de Lachenal, Rebuffat et Terray (Alpinisme octobre 1951 P. 282. Lachenal et Herzog ont gravi ensemble le couloir Marinelli au Mont Rose en août 1955. Acceptez-vous ce genre d'invitation de personnes que vous détestez ? Moi : non ! Lachenal hypocrite : oui ? A moins qu'il n'ait pas été hypocrite et jamais détesté Herzog ? Ceci expliquerait cela !
- Yves Ballu, collectionneur, bibliophile, écrivain, polémiste, sympathique passionné d'histoires alpines. Avec un sens de l'humour affûté est-il anti-thuriféraire ou auto-thuriféraire ? Ni l'un, ni l'autre, les deux peut-être ? La passion s'accorde très mal avec la rigueur de l'analyse tout en étant totalement compatible avec les statuts d'écrivain ou de polémiste. L'écueil qui se dresse face à l'enthousiasme du passionné se situe au niveau de la hiérarchie qu'il crée entre l'importance du sujet traité et l'importance qu'il accorde au fait que le sujet soit traité par lui-même. Certains pourraient y déceler une prothèse à l'estime de soi ?
- Charlie Buffet, je ne le connaissais pas en 1996. Était-il journaliste salarié ou simple pigiste au quotidien Libération ? Aujourd'hui, directeur de publication ou un titre équivalent aux Editions Guérin. Belle promotion, au sein de cette entreprise amie, pour celui dont l'oeuvre sera malheureusement, ad vitam æternam selon le principe des fake news, l'inspiration iconoclaste de tous les reproducteurs souhaitant s'emparer du juteux sujet : Herzog et l'Annapurna. En plus caricaturaux, David Roberts comme Bruno Lesprit lui doivent beaucoup.
C'est vous qui voyez !
Jean-Jacques Prieur
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Article proposé par Jean-Jacques PRIEUR
Mis en ligne le lundi 30 janvier 2023 à 18:30:44