Les Dossiers du G.H.M.

Voytek Kurtyka - Shining Wall Climber ou l'itinéraire d'un romantique

 

Lieu: Pologne

Date: 2018-10-31

Confidentiel: Non


Objet :

En montagne, c'est là où on se sent libre (T. S. Eliot)
La paroi était une ambition, le style est devenu une obsession (Alex McIntyre)

Préambule

Le « projet Kurtyka » naît en 2010. Claude Gardien de Vertical était enthousiaste. J'ai contacté Voytek que je n'avais pas vu depuis presque 40 ans, depuis notre rencontre dans le réfuge de Morskie Oko. En principe, Kurtyka était d'accord. Puis nos divergences sont apparues, liées à la conception du texte. J'ai opté pour un article qui mettrait en avant sa carrière d'alpiniste. Voytek avait une autre vision de notre collaboration. Ayant eu quelques mésaventures avec la censure en Pologne, j'ai toujours refusé d'écrire sous la dictée. Finalement Kurtyka s'est retiré du projet. Claude Gardien était un peu déçu, mais il m'encouragea. J'ai continué seul. Mon texte en version écourtée parait dans le numéro 37 de Vertical en 2012. Le texte que je présente est la version rallongée de cet article, mais pas sa forme intégrale. Il est basé uniquement sur les écrits de Kurtyka publiés dans les magazines occidentaux et la revue polonaise Taternik ainsi que sur ses interviews jusqu'au 2000.

Introduction

Voytek Kurtyka n'a gravi que six 8000 car il ne collectionne pas les sommets. Son ascension, en 1985, de la face ouest du Gasherbrum IV avec Robert Schauer est l'une des plus mythiques de l'Himalaya. Légende vivante, ce Polonais de soixante-onze ans vit retiré du monde de l'alpinisme. Malgré ces précédents refus de recevoir le Piolet d'or pour l'ensemble de sa carrière, Voytek accepta cette récompense en 2016. En 2011 j'ai posé une question à Reinhold Messner : Que pensez-vous de Kurtyka ? Le Grand Tyrolien m'a répondu : « Voytek est probablement l'homme qui a le plus marqué l'alpinisme moderne. » Rencontre avec une personnalité complexe, une des plus belles énigmes du monde de l'alpinisme.

Enfance en Basse-Silésie

Après la chute de Berlin en 1945, la Pologne, dévastée, se trouve enfermée pour quarante-quatre ans derrière le rideau de fer. Les Polonais sont forcés de quitter l'Est du pays (annexé par l'URSS) et intègrent les territoires occidentaux polonais, appelés désormais les territoires reconquis.

Wojciech Kurtyka naît en 1947 à Skrzynka, près de la ville de Klodzko, en Basse-Silésie, où ses parents se sont installés depuis deux ans. Wojtek, le diminutif de son prénom, sera remplacé par Voytek, plus facile à prononcer par les Occidentaux.

Son père, Tadeusz Kurtyka, écrivain, était déjà connu avant la guerre sous le pseudonyme d'Henryk Worcell. Les Kurtyka découvrent la vie des « territoires reconquis » en exploitant une ferme. Le jeune Kurtyka apprend l'anglais puis l'allemand, convaincu par son père, envoyé aux travaux forcés pendant la guerre, de l'importance des langues étrangères. Voytek, amoureux de la nature, vadrouille autour de son village et erre dans la forêt. « C'était mon paradis naturel, dit-il. J'ai ressenti un amour profond pour la nature. Mon enfance en a été marquée, tout cela a influencé ma personnalité dans le futur. »

Voytek fait ses études à Wroclaw, une grande ville à 100 kilomètres de son village natal. Kurtyka déteste la ville mais il n'a guère le choix. L'immeuble du centre-ville où il habite avec ses parents donne sur un petit parc urbain, sinistre et n'ayant rien à voir avec la nature intacte. Voytek déclarera plus tard à un journaliste : « C'était pour moi un désastre personnel, J'avais peur d'y mettre le pied. » Ce qui ne l'empêche pas d'obtenir un diplôme d'ingénieur en électronique.

Découverte de l'escalade

Kurtyka commence l'escalade par hasard, à vingt et un ans, parce que sa copine est invitée à grimper par un garçon qui s'intéresse à elle. On est en 1968, dans les tours granitiques de Sokole Gory en Basse Silésie, près de la frontière tchécoslovaque. Il déclara plus tard : « C'était l'illumination ! Au début ce n'était pour moi qu'une sorte d'instinct animal. » L'escalade devint vite son cinquième élément : il aime la nature, il adore les mouvements sur le rocher. Ces deux facteurs de sa personnalité le conditionneront dans sa vie future.

Voytek intègre le Club alpin de Wroclaw. Il y rencontre Wanda Rutkiewicz ainsi que quelques-uns de ses futurs compagnons. Au milieu des années soixante-dix, il s'installe à Cracovie pour raisons professionnelles. La ville, dont sont originaires la plupart des grands grimpeurs polonais, est entourée de tours calcaires. C'est un véritable Jurassic Parc. La plupart des grands grimpeurs du libre polonais sont originaires de Cracovie. Voytek se retrouve alors confronté avec les meilleurs. Il rejoint rapidement le groupe des Cascadeurs qui succède à la génération des Pénitents (escalade héroïque ou tire-clous polonais). Son chef de file se nomme Ryszard Malczyk, alias Rico, personnage charismatique, un des plus grands grimpeurs de libre en Pologne. Leur objectif : gravir en libre, et en tête, des voies anciennes, ouvertes en artif.

En 1945 l'alpinisme polonais est à l'image du pays dévasté : il faut tout recommencer. C'est dans ce contexte de renaissance que Voytek Kurtyka commence son apprentissage montagnard. Malgré le nouveau régime, les alpinistes polonais veulent affirmer leur existence, au même titre qu'à l'époque où leur pays était rayé des cartes du monde. Cette fois-ci, ils jonglent avec les autorités qui veulent, dans un but de propagande, avoir des résultats pour rassembler et manipuler la nation. C'est qui intéresse les Polonais c'est de pouvoir l'exercer leur passion.

Les Hautes Tatras sont classés Parc National. Pour des raisons écologiques la circulation y est strictement règlementée. Les autorités ajoutent d'autres restrictions : les sommets frontaliers sont interdits (jusqu'au 1950), le passage de la frontière naturelle est également prohibé. Pour aller grimper sur les parois du coté slovaque il faut faire un détour de vingt kilomètres et passer par le poste frontière officiel, une chose inimaginable dans les Alpes. Jusqu'au milieu des années 60, les soldats, plantés sur les cimes, guettaient les incorrigibles.

Le passage clandestin de la frontière en montagne devient alors le jeu du chat et de la souris pour les alpinistes polonais ... et presque un sport national. Ce que voulaient les alpinistes polonais, c'était de pouvoir grimper dans un « pays frère. » De toute façon les risques étaient minimaux : passage devant un tribunal populaire avec une amende pécuniaire à la clé.

En 1968, c'est par cette « frontière de l'amitié » que les alpinistes polonais font passer des ouvrages littéraires, interdits dans le pays, en provenance de Paris. Un grimpeur polonais prometteur participe à cette « association de malfaiteurs » qui prône entre autres, la libre-pensée : Andrzej Mróz, qui sera forcé de se réfugier à Paris. À la suite de cette affaire, plusieurs alpinistes sont emprisonnés. Andrzej Zawada, le futur leader des expéditions y participe également. En représailles il est privé de passeport pendant plusieurs mois.

Naissance de la Bête

En juillet 1970, dans les Tatras, Kurtyka et deux compagnons passent en fraude la frontière tchécoslovaque et ouvrent une voie cotée VI+ sur le Mazy Mlynarz. Les répétiteurs sont étonnés par les difficultés de l'itinéraire. Une expression tombe : « Ce passage n'a pu être gravi que par une bête. » Ainsi naît la première légende sur Kurtyka : il devient « la Bête » (« Zwierz » en polonais). Jusqu'à aujourd'hui, cette voie garde son appellation d'origine donnée par les auteurs de la deuxième ascension : « Kurtykowka » (phonétiquement : Kourtikouvka)

Les hivernales dans les Hautes Tatras

Les hivernales sont populaires en Pologne. Elles permettent, comme les premières, de sortir du lot et songer à la qualification pour des camps d'entrainement dans les Alpes, Dolomites, Caucase ou au Pamir, sponsorisés par la fédération polonaise d'alpinisme (PZA.) De plus ce genre d'alpinisme est en Pologne le seul moyen d'avoir les conditions comparables avec les Alpes, car dans les Hautes Tatras, vu leur basse altitude, la glace et la neige ne tiennent sur la roche qu'en hiver.

La concurrence entre les alpinistes polonais est très serrée dans les Tatras. En hiver l'élite de l'alpinisme polonais se retrouve au refuge de Morskie Oko, au bord d'un grand lac d'altitude du même nom, à deux pas de Kazalnica. (La Chaire) - objectif très convoité des grimpeurs, la seule big wall des Tatras.

Durant l'hiver 1971 Kurtyka effectue, avec ses compagnons de Wroclaw, deux ascensions remarquables sur la Chaire : Le Grand égout (ED, A3, première hivernale) et la Directissime (ED inf, A2, première hivernale). L'année suivante Voytek gravit la « voie des Araignées » (ED, A4, première hivernale). Puis, en 1973 il récidive sur la Chaire en inaugurant le Super-égout (TD, A2, glace 90). En 1974, il ouvrira la Super Directissime de Mieguszowiecki (ED, 90°, 900 m) avec Dennis Davis et Jacek Rusiecki. Davis venait en Pologne pour des raisons professionnelles. Son bref passage dans les Tatras marquera le début de la future collaboration britannico - polonaise. (Remarque : sur le sujet du matériel polonais et sur les Araignées slovaques voir Pages Internet du GHM/dossiers/Pavol Pochyly - Le révolté des Tatras)

Apprentissage alpin

Depuis la fin des années 60 les grimpeurs polonais sont des plus en plus nombreux dans les Alpes. Sur le camping sauvage du Biollay à Chamonix les occidentaux ironisent en regardant leur matériel d'escalade, plus que vétuste, qualifié d'antiquités. Les cordes fabriquées en Pologne n'étaient pas testées, selon Kukuczka : « On avait déjà peur en les achetant. » Pendant leur séjour à Chamonix les Polonais échangeaient les broches en titane « Made in URSS » et leurs duvets contre du matériel occidental pour pouvoir grimper en sécurité.

Kurtyka vient à Chamonix pour la première fois en été 1971. Il y gravit quelques classiques, entre autres la voie Vitali-Ratti sur l'Aguille Noire. L'année suivante il répéta la Walker et la Davaille.

En 1973 une équipe polonaise est invitée par l'ENSA dans le cadre des stages internationaux. Kurtyka et Kukuczka sont sélectionnés par la fédération polonaise. Pendant leur séjour à Chamonix Jurek et Voytek (avec Marek Lukaszewski) ouvrent une voie nouvelle dans la face nord du Petit Dru. L'itinéraire est baptisé : « Voie Petit Jean » en hommage à Jan Franczuk, membre du club de Wroclaw, mort au Kunyang Chhish en 1971 pendant la première expédition polonaise dans le Karakorum. En 1975 le même trio récidiva sur les Grandes Jorasses : en inaugurant un nouvel itinéraire en mixte sur la Pointe d'Hélène.

L'Hindu Kush et « One push » d'Akher Chagh

Depuis le début des années 60, les montagnes d'Afghanistan sont devenues pour les Polonais le polygone favori pour se familiariser avec la haute altitude. C'est un véritable Eldorado : plusieurs sommets et des parois vierges. Tout est bon marché avec une ambiance exotique, les porteurs, les chevaux et les mulets. De plus, en Afghanistan, les alpinistes étrangers sont plus libres qu'au Pamir ou dans le Causase car l'exploration sportive est organisée et surveillée par les autorités communistes, les derniers problèmes étant réservés, en priorité, aux expéditions soviétiques.

En 1972 plusieurs expéditions polonaises se précipitent dans l'Hindou Kouch. Leur objectif : les sommets avoisinants 7000 mètres, par les voies normales et en style classique d'expédition. Kurtyka participa à une petite expédition organisée par le club d'alpinisme de Cracovie. Ses objectifs : les ascensions en style alpin des sommets dans la vallée d'Urgende Bala, truffée de 7000.
Kurtyka avec deux compagnons s'attaque au Akher Chagh (7017 m). Les Polonais réussissent le sommet en trois jours aller et retour par un itinéraire nouveau (deuxième ascension.) Peu après Kurtyka forme une nouvelle cordée de trois qui réussit le Kohe Tez (7015 mètres) par le versant nord en quatre jours (nouvelle voie.). Le jeune Kurtyka gravit ces deux sommets dans intervalle de quatre jours. Mais septembre approche - cela signifie la fin du voyage. Kurtyka réussit à persuader ses compagnons qu'il faut à tout prix retourner sur la face nord de l'Akher Chagh. Selon lui cette ascension, si Dieu le veut, signifiera une nouvelle étape pour l'alpinisme d'altitude.

Le 1 septembre quatre alpinistes (P. Jasinski, M. Kowalczyk, Voytek et J. Rusiecki) partent pour le Col Cracovie, ils y passent la nuit. Le lendemain ils commencent l'ascension peu après minuit. Trois jours plus tard sortent de la paroi et s'élèvent dans le terrain plus facile. Au début de l'après-midi ils atteignent le sommet et le soir sont de retour dans le camp de base.

L'ascension d'Akher Chagh est le début du nouveau style, appelé plus trad, « l'alpinisme himalayen. » Pour la première fois le terme one push fut utilisé par Kurtyka : « J'ai commencé le style alpin depuis mon premier véritable contact avec la haute montagne. Mais je crois que sa notion avait déjà existé avant dans mon esprit. L'ascension de la face nord d'Akher Chagh d'une seule traite était pour moi un acte naturel et spontané, c'était le transfert des techniques des Tatras et des Alpes sur les hautes cimes. »

Trollryggen, la big wall des Trolls

En février 1974 Kurtyka fut sélectionné par la fédération polonaise pour le projet de la première hivernale de la directissime française sur la face nord de Trollryggen dans les fjords norvégiens dans la Vallée de Romsdal. Cette voie fut ouverte en 1967 en 21 jours d'escalade par Boussard, Brunet, Cordier, Deck et Fréhel. (1100m 5.10, A4).

L'équipe polonaise est composée de cinq grimpeurs. Glazek, Kesicki et Kurtyka sont tous de Wroclaw, et pendant l'hiver 1972, ont fait ensemble la première hivernale de la voie des Araignées sur la Chaire dans les Tatras. Kowalewski et Piotrowski sont des habitués des parois norvégiennes. Auparavant ils avaient gravi en hiver Fiva Route sur le Store Trolltind et le pilier du Trollrrygen.

Les Polonais commencent leur ascension à la fin février. La première tentative est abandonnée car Glazek est gravement brulé et doit être évacué. Quelques jours plus tard les quatre Polonais retournent dans la paroi et sortent la voie en 13 jours avec une variante originale de sortie.

L'ascension de directissime française fut qualifiée par Piotrowski (leader du groupe) comme « incontestablement le plus grand succès de l'alpinisme hivernal polonais. »

En Norvège Kurtyka fut confronté au travail collectif et aux techniques de siège qui n'avaient rien à voir avec ses ascensions afghanes en style alpin. Au sein d'une équipe imposée par la fédération d'alpinisme. A-t-il apprécié cette expérience ? Il n'en parlera jamais. Il y participa probablement en sachant que cette hivernale lui ouvrirait les portes des plus hautes cimes du globe.

Expériences de siège avec Kurczab, Messner et Zawada

À l'automne 1974 Kurtyka a 27 ans et sa liste des courses est impressionnante. Zawada lui propose de participer à la première expédition hivernale sur le Lhotse. Cette entreprise se termina 200 mètres avant le sommet.

La cohabitation en altitude n'est pas facile pour le jeune Kurtyka : il reste souvent isolé dans sa tente. De jour en jour sa motivation pour le travail collectif diminue. Il réalise qu'il n'est pas totalement libre car les expéditions supervisées par un leader nécessitent uniquement l'obéissance aveugle et l'accomplissement du sale boulot. Kurtyka commence à prendre ses distances avec les expéditions lourdes. Il dira plus tard : « C'était la mauvaise expérience. » En 1976 l'alpiniste polonais fit son deuxième essai dans les expéditions collectives. Cette fois-ci au K2 avec un autre leader, Janusz Kurczab. Kurtyka fut attiré, sans doute, par le deuxième sommet du globe. Il deviendra plus tard, au même titre que l'Eiger pour Harlin, sa montagne impossible. Cette expédition se termina également par l'abandon près du sommet. Voytek dira plus tard : « Après le K2 je me suis promis de ne jamais utiliser les techniques de siège traditionnelles. »

En 1982 il dit définitivement adieu à l'himalayisme collectif. Il est invité par Messner sur l'expédition de Cho Oyu. Malgré son hostilité à ce genre d'entreprises Kurtyka accepte car il veut voir l'expédition Made in Messner de ses propres yeux, attiré sans doute par la personnalité de l'homme, qui à l'époque gravit la Davaille aux Droites avec un seul poignard. Ce challenge échoua vers 7000mètres à cause de chutes de neige abondantes. Kurtyka fut soulagé : « C'était une grosse expédition, des stars et l'équipe des Sherpas qui faisait le sale boulot. Ce n'était pas pour moi - dira-t-il plus tard, dans une interview pour un magazine polonais. »

Collaboration avec les Britanniques

Tout commence en 1974. Les grimpeurs polonais sont invités par le British Mountain Council. Quelques mois plus tard les Britanniques se rendent en Pologne. Entre autres : Peter Boardman, les frères Adrian et Alan Burgess, Michael Geddes, Terry King et John Porter. Après quelques escalades communes dans les Tatras, Porter et Zawada discutent autour d'une bouteille de vodka de possibles projets communs. Les Polonais doivent assurer le matériel et la nourriture, les Anglais apporter les devises.

En 1977, les alpinistes des deux pays se rendent dans l'Hindu Kush. L'expédition part pour l'Afghanistan en train, et les Polonais réalisent l'exploit de faire passer les Anglais pour des Polonais. En effet ce Soviet Express traversait le Kazakhstan, deuxième arsenal nucléaire de l'URSS, et les Occidentaux y étaient interdits. Pendant ce voyage à travers l'Union Soviétique, Kurtyka fit la connaissance d'Alex McIntyre et de John Porter, un Américain expatrié au Royaume-Uni, et d'autres alpinistes d'outre-Manche : Peter Holden, Terry King, Howard Lancashire. L'équipe polonaise était composée d'Andrzej Zawada, Jacek Jasinski, Marek Kowalczyk, Jan Wolf et de Voytek Kurtyka.

Le projet de la face nord-est de Kohe Bandaka (6843 m, le plus haut sommet d'Hindu Kush Central) naît dans le train. Kurtyka montra à Alex les photos de la paroi, dénichées pendant son précédent séjour en Afghanistan.

Une fois sur place, Kurtyka s'impose à Zawada et lui soumet son objectif ; la face nord-est, haute de 2200m, de Kohe Bandaka (6843m), le plus haut sommet d'Hindu Kush Central. Une fois l'accord donné, Voytek prit la direction de l'équipe qui s'éloigna joyeusement du camp de base surpeuplé. Elle était composée de quatre alpinistes : McIntyre, Porter, Kurtyka et Wolf. Leur première tentative se termina par un demi-tour à 6000 mètres d'altitude car Wolf était malade et il était urgent de l'évacuer au pied de la montagne. McIntyre, Porter et Kurtyka décidèrent de continuer à trois et le 14 septembre sortirent enfin de la paroi après six jours d'ascension.

Kurtyka considéra cette réalisation comme une des meilleures dans sa carrière d'alpiniste : « cette paroi exigeait de l'habileté technique, de l'intuition et de la force psychologique. »
Les passages difficiles dans la barrière des séracs ont été gravis, selon Voytek, grâce au Terrodactyl et la grande intuition et à la niaque d'Alex qui devenait possédé par une force démoniaque dès qu'un passage dur se présentait.

Le bilan de cette première expédition internationale fut plus que positif. Plusieurs ascensions sur des sept mille y compris le Noshaq. Terry King et Andrzej Zawada ouvrirent également une nouvelle voie dans la face nord de Kohe Mandaras (6631 m).

Alex

Voytek et Alex, de tempéraments différents, partagent les mêmes idées sur l'alpinisme et la même approche de la montagne. Kurtyka considère l'Anglais comme son premier coéquipier fiable et ami très cher. « Alex avait de l'imagination en montagne. Il était prêt à essayer n'importe quoi. Sa tactique consistait à boire beaucoup pendant la nuit qui précédait l'ascension. Il s'approchait des choses superbes dans sa vie tout en ayant en même temps la gueule de bois. » - écrivit la Bête. Voytek Kurtyka, parle souvent de son ami Alex dans ses écrits: l'être qui lui manquera à jamais, Alex, son frère spirituel. Ils seront ensemble au Kohe Bandaka, au Changabang et au Dhaulagiri. Leur aventure s'arrêta au Makalu en 1981. En 1982 Alex disparaît sur l'Annapurna.

Changabang- The Shining Mountain

Pour Kurtyka 1978 est une année de transition. Fini les expéditions lourdes, les sièges et des cordes fixes. Il est maintenant évident pour lui que l'avenir de l'Hindu Kush et autres hautes montagnes consiste dans le style alpin. De plus l'alpiniste polonais se rende compte de son erreur de jeunesse : il n'était pas fait pour le métier d'ingénieur en électronique. Un jour Voytek prend sa décision, facilitée par un télégramme d'Alex : « J'ai la permission pour le Changabang ».

Changabang (6864 m), alias Shining Mountain (titre du livre de Peter Boardman), un « petit sommet » dans l'Himalaya du Garhwal en Inde. L'équipe est presque identique à celle du Kohe Bandaka : McIntyre, Porter, Kurtyka. Pour optimaliser la progression dans le système deux + deux (deux grimpent, deux hissent les sacs) un quatrième grimpeur intègre le groupe - le Polonais Krzysztof Zurek. Leur objectif : la face sud. Pour le jeune quatuor c'est un véritable défi : cette paroi fut gravie auparavant seulement à trois reprises. En 1974 par Bonington, Boysen et Haston (première ascension), par une équipe japonaise, et puis récemment, par Boardman et Tasker en 1976. Comme au Kohe Bandaka la réussite au Changabang résulta des prouesses d'Alex. Kurtyka écrivit : « Le septième jour d'escalade, nous progressons par des dièdres verticaux remplis de stalactites de glace dont un lâche sous le poids d'Alex. Il évite la chute grâce à son terrodactyl, bien planté dans le glaçon voisin. En finissant la longueur Alex me dit : c'était du 5 écossais. Puis il ajoute : le 5 écossais ne peut être gravi que par un vrai Écossais. Mais tu n'es pas Ecossais - ajoutais-je. Tu as raison, répondit Alex. -Alors cela ne peut pas être un cinq écossais, personne ne serait d'accord. Nous nous mettions d'accord pour un 4 écossais ».

Forfait pour l'hivernale d'Everest

Malgré son hostilité à l'égard de ce genre d'entreprise, en 1979 Kurtyka est invité par Andrzej Zawada à participer à l'ascension hivernale de l'Everest. « Cher Andrzej, merci ! aurait-il répondu. Si tu as, à l'avenir, un vrai objectif sportif, alors j'accepterai volontiers. »

« Messieurs, nous n'avons rien fait... au Dhaulagiri »

En mars1980, McIntyre reçoit une drôle de carte postale de la part de Kurtyka. L 'image représente la face est du Dhaulagiri, Mais la photo est brouillée par un amas de sèches et d'annotations. « Tu as un indice de l'autre côté. Prends un coéquipier. J'attends à Kathmandu. Voytek. » Au printemps 1980, pendant que les guerriers de glace de Zawada assiègent le pilier sud de Sagarmatha (après avoir gravi le sommet en hiver) Kurtyka est de retour au pied de la face est de Dhaulagiri, un problème inachevé, tenté l'année précédente. McIntyre part avec René Ghilini, son récent compagnon des Grandes Jorasses. Kurtyka arrive au rendez-vous avec Ludwik Wilczynski. Cette entreprise fut nommée : Nick Estcourt Mémorial Expédition, en hommage à l'alpiniste britannique, disparu en 1978 sur le K2.

Le quatuor quitte le camp de base et, le 6 mai, attaque la face est, haute de 2600 mètres. Selon McIntyre, la voie ressemble à la voie des Suisses aux Courtes. Le matériel est réduit au minimum, les sacs ne pèsent pas plus de 12 kilos. L'escalade débute par un ressaut difficile en glace. La cordée poursuit sans assurance. Après deux bivouacs dramatiques, ils atteignent le point 7700 mètres de l'arête nord-est où ils retrouvent les vivres laissés auparavant. Les conditions dangereuses sur l'arête les dissuadent de poursuivre jusqu'au sommet. Kurtyka fait son examen de conscience : « Messieurs, nous n'avons rien fait, le sommet est loin. » Il sera atteint le lendemain. Puis les quatre alpinistes se lancent dans la descente vers le camp de base, puis vers Kathmandu (où le dernier arrivé, selon le défi d'Alex, offrira une tournée de bière). L'exploit est récompensé par Nick Estcourt Awards : « Un nouvel itinéraire majeur gravi dans le style alpin, sans oxygène et par un temps épouvantable : un jalon dans l'alpinisme de haute altitude. »

Après les ascensions de l'Akher Chagh, du Kohe Bandaka et du Changabang, Kurtyka prend conscience que ses dernières ascensions l'ont conduites vers une nouvelle étape. Après le Dhaulagiri, il affina ses idées au sujet du style alpin, ce fut la naissance de « night naked. »

Le rêve Makalu

Au début de l'année 1981, Voytek se confia à Kukuczka : « Si je réussis le sommet au printemps nous envisagerons la face sud de Lhotse en petit groupe, sinon nous retournerons sur la face ouest de Makalu. » À l'automne Voytek envoie une lettre à Jurek : « Je t'attends à Kathmandu. » Kukuczka ne peut pas refuser. McIntyre, lui aussi, est au rendez-vous.

Après la première nuit à 6000 mètres, le trio entame l'ascension le 5 octobre. Pour réduire le danger collectif, les alpinistes progressent sans assurance. La corde ne sera utilisée que sur quatre longueurs, pour franchir un ressaut raide en glace, à 7400 mètres. Le passage-clé de la face ouest de Makalu représente une raide barre rocheuse, parfois surplombante, entre 7800 et 8200 mètres.
Les difficultés en libre et en artif dépassent les estimations des ascensionnistes. Kurtyka s'interroge : à ce rythme il leur faudra quatre jours minimum pour parvenir au sommet. L'hypothèse de l'abandon devient alors envisageable. Pour Alex et Voytek l'échec sur le Makalu signifiait deux saisons vaines. Kukuczka lance : nous avons perdu avec la face ouest mais pas avec la montagne. Alex quitte l'expédition car il doit partir aux États Unis. Jurek et Voytek attendent la bonne météo. Finalement Kukuczka décide de partir en solo et réussit le sommet.

Vieux mariage : Kukuczka - Kurtyka

Jurek et Voytek vont collaborer harmonieusement pendant quatre ans, malgré leurs différences. Voytek, végétarien, fasciné par le bouddhisme, est un intellectuel compliqué et perturbé philosophiquement ; Kukuczka, mangeur de viande surnommé « l'ours » ou « le petit salé », est un fervent catholique. Leur tandem donnera naissance à plusieurs voies nouvelles sur les 8000. « Nous étions comme un vieux couple, » - dira plus tard Kurtyka.

Dès la fin de l'année 1981, malgré l'état de guerre en Pologne, Kurtyka et Kukuczka préparent leur Two Men Expedition sur la face ouest du K2. Ils ont de l'argent, mais pas assez pour le permis. Ils s'associent à l'expédition de Wanda Rutkiewicz (tentative féminine sur la voie classique), qu'ils intègrent, officiellement, comme photographes. Sur place, les femmes se révoltent contre « l'infection masculine ». Jurek et Voytek ne peuvent plus s'acclimater sur la voie normale. Pensant que le permis sur le K2 leur autorise une acclimatation sur un sommet inférieur, ils gravissent illégalement le Broad Peak.

Au printemps 1983, Kukuczka et Kurtyka se retrouvent au pied des Gasherbrum. Ils devraient y être avec Alex McIntyre, mais le sort en a décidéautrement : l'expédition est nommée Polish McIntyre Memorial Expedition.

Les deux hommes gravissent un sommet vierge, le GII Est (7758 m), puis regagnent la base de l'arête du G II et bivouaquent à 7400 mètres. Le 1er juillet, ils atteignent le sommet du GII, puis descendent vers le camp de base par la voie normale. Jurek et Voytek se lancent ensuite dans la face sud-ouest, vierge, du GI. Le 19 juillet, le tandem attaque l'éperon gauche de la paroi. Après les deux bivouacs (6700 m et 7400 m), ils sont coincés par le mauvais temps dans la partie supérieure du pilier. Kurtyka perd un crampon. Ils songent à l'abandon. Après le troisième bivouac, Kukuczka retrouve le crampon perdu. Les alpinistes bifurquent vers le milieu de la face et, après un nouveau bivouac, atteignent le sommet du Hidden Peak le 24 juillet.

Kurtyka et Kukuczka participent ensuite à une petite expédition polonaise au Broad Peak, dirigée par Wielicki. Celle-ci sort du cadre des lourdes entreprises polonaises : les grimpeurs sont libres de leurs agissements.

Le vendredi 13, par une nuit de pleine lune, ils attaquent la traversée des Broad Peak, qui va durer quatre jours et demi (sommets nord, central et principal). Les longueurs les plus difficiles se situent sur l'arête nord (passage de 60°, voie Casaroto). « J'avais l'impression que nous descendions en enfer » - écrivit Kurtyka à propos des rappels du sommet central. Pour lui, cette ascension reste « une entreprise d'un engagement énorme, la quintessence de l'aventure himalayenne. La beauté stupéfiante de la traversée fait oublier aux grimpeurs les dangers, leurs inquiétudes et le sentiment d'éloignement ».

Gasherbrum IV

Voytek le romantique tombe amoureux des parois pour l'architecture et la pureté de leurs lignes. La face ouest du Gasherbrum IV (7925 m) l'ensorcelle. Après une tentative avortée avec Kukuczka, qui marqua la séparation entre les deux alpinistes, Voytek trouve en 1985 un nouveau compagnon, Robert Schauer (le premier Autrichien sur l'Everest).

Le contenu de leurs sacs est minimaliste : matériel de bivouac sommaire, deux cordes, quelques pitons et broches à glace, des vivres pour trois jours. Au deuxième jour dans la face ouest, bloqués par une tempête de neige, ils passent plusieurs nuits dans des conditions épouvantables et épuisent leurs vivres. Cauchemars et hallucinations leur tiennent compagnie. Le 20 juillet, ils sortent de la paroi, épuisés. Ils commencent les rappels par l'arête nord sans passer par le sommet.

Dans le premier récit qui relate l'aventure du G IV, Kurtyka anticipe les critiques des puristes : « C'était la plus belle et la plus mystérieuse ascension de ma carrière. » Mais il ne cache pas son sentiment d'inachevé. En 2003 la Bête complétera l'histoire du Gasherbrum IV : « Au sens le plus profond, l'alpinisme est l'art de la liberté. Il offre une relation créative avec la montagne. Le style alpin incarne cette relation entre le grimpeur et la montagne. Il n'y a que dans l'art qu'un maillon manquant contribue à la sonication de l'oeuvre. Dans l'histoire de l'art, il existe des choses magiques, pourtant inachevées, comme « Le Château » de Kafka. Curieusement, le milieu de la montagne a considéré notre ascension comme une réalisation achevée. »

Collaboration helvético-polonaise

Lors de l'expédition au Broad Peak en 1983, Wielicki a réussi une ascension en vingt-deux heures aller-retour. Voytek écrira plus tard : « Krzysztof m'a fait comprendre qu'on peut gravir un 8000 de la même façon qu'on escalade un 4000 dans les Alpes, d'une seule traite. » Kurtyka réalise que ses idées deviennent réalité, il est conscient que l'avenir de l'himalayisme réside dans des ascensions dont l'envergure dépasse les réalisations précédentes, y compris les siennes. Il va reprendre contact avec les alpinistes occidentaux, Erhard Loretan et Jean Troillet, notamment. La collaboration helvético-polonaise débute en 1987 par des tentatives sur la face ouest du K2.

Un an plus tard, Kurtyka change de crémerie et s'attaque avec Loretan à la face est de la tour de Trango. Du 24 juin au 14 juillet, les deux hommes gravissent une voie de 29 longueurs, dont certaines en ED sup et quelques longueurs d'artif avoisinant l'A3. « Dans le futur, cette voie sera gravie en libre - écrivit Voytek. C'est la première ascension de ce que l'on peut appeler le plus beau clocher granitique du monde par une équipe de deux. Le plus étonnant, c'est que cette entreprise exigea beaucoup plus d'efforts physiques que n'importe quel 8000. »

À l'automne 1990, Kurtyka, Loretan et Troillet signent deux 8000 en un temps record. Leur première cible est la face sud-ouest, vierge, du Cho Oyu, qu'ils veulent gravir non-stop. Le 19 septembre, ils attaquent avec 30 mètres de double corde, quelques pitons et coinceurs, un réchaud, 300 grammes de bonbons par personne. Ils grimpent de nuit et, avant l'aube, gravissent le dernier obstacle, une barrière rocheuse et des séracs. Vers midi, ils émergent sur l'arête sud-ouest, à 100 mètres du sommet. À la tombée de la nuit, les trois alpinistes décident de bivouaquer plutôt que d'errer à la recherche de la voie de descente. Le sommet est atteint le lendemain vers 8h30.

Le 27 septembre, la caravane se rend avec trois yaks au pied du Shishapangma. Le camp de base est installé au bord d'un petit lac d'altitude à 5400 mètres. L'équipe réduit encore son équipement et abandonne le matériel de bivouac et les baudriers. Nourriture : quatre barres chocolatées chacun et une bouteille. Le trio attaque le couloir de la face sud vers 18 h, à gauche de la voie yougoslave. Les Suisses arrivent au sommet le lendemain, après seize heures d'ascension. Kurtyka reste en arrière et perd de vue ses coéquipiers. Finalement, il atteint le sommet en solitaire vers 16 h. Voytek qualifiera ces deux ascensions de « partie de plaisir. »

Kurtyka, ses écrits, son image, sa vie d'après

Le goût de l'écriture lui fut probablement transmis par son père écrivain. Les écrits de Voytek peuvent être classés en trois catégories : les récits d'ascension, les nouvelles aux accents psychédéliques et surréalistes, les textes concernant sa philosophie de la montagne.

Malgré une certaine culture littéraire, l'homme de Shining Wall a eu du mal à trouver son propre style. En l'écoutant parler (les vidéos de la série l'Himalayisme polonais) on a l'impression qu'il cherche difficilement les mots pour s'exprimer dans sa langue natale. Ceci explique probablement la lenteur - comme il le dit - de son écriture. On ressent dans ses écrits l'influence du romantisme polonais, de la pensée bouddhiste, mais aussi de la poésie anglo-saxonne, notamment de William Blake et des textes mystiques de T. S. Eliot.
Voytek est en Pologne un personnage controversé. Égocentrique selon les uns, trop intellectuel, philosophiquement compliqué, pour les autres Ses idées futuristes et révolutionnaires pour l'époque ne pouvaient pas être approuvées par les dirigeants de l'alpinisme de Varsovie. Pour les jeunes Polonais d'aujourd'hui, Kurtyka reste injustement oublié, ou incompris. Dans les forums polonais d'escalade, il est considéré comme le deuxième plus grand alpiniste du pays, après Jerzy Kukuczka. Pour ses ascensions, mais aussi pour sa résistance à la hiérarchie de Zawada et ses expéditions « mammouth. »

Voytek est devenu un homme d'affaires. Il se rend souvent en Asie pour son entreprise d'import-export. Il se trouvait à cheval entre deux mondes. Sa vie de couple fut bouleversée par sa passion, qui provoqua deux séparations conjugales. Aujourd'hui, il est le père de deux enfants. En 1989 naquit son fils, baptisé Alexandre en souvenir de McIntyre, et deux ans plus tard sa fille Agnieszka. Kurtyka ne veut pas que ses enfants suivent sa trace. « S'ils partaient en hiver grimper dans les Tatras, j'aurais peur qu'ils ne reviennent plus » - dit-il. Pendant les deux ascensions rapides avec Loretan et Troillet, Voytek avoue avoir été perturbé par l'image omniprésente de son fils : « L'arrivée de mes enfants a modifié mon comportement en montagne. »
La montagne est pour Voytek une approche de la liberté dans l'espace et la libération de ses propres faiblesses. Mais surtout, l'approche du mystère. Son mysticisme puise dans la philosophie orientale. Mais ses origines se trouvent aussi dans la littérature romantique, notamment dans le drame poétique de Juliusz Slowacki dont le Monologue sur le mont Blanc l'a probablement influencé. Son héros se retrouve au plus haut sommet d'Europe, balayé par des questions existentielles. C'est le moment décisif dans la vie de héros du drame de Slowacki. Il cherche harmonie et osmose avec la nature dans l'espace. Il règle pour une fois ses comptes avec ses faiblesses et les vacillations du passé. Sur le sommet du Mont Blanc Kordian subit une profonde métamorphose. Il décide de s'orienter vers les autres objectifs. Soudainement, la solution apparait devant ses yeux, représentée sous la forme d'une boule de cristal qui enferme l'univers. Le héros du Monologue sur le Mont Blanc cherche le sens de sa vie. Dans son passé Voytek Kurtyka a trouvé sa voie dans les Shining Mountains, mais il a, probablement constaté qu'il était le temps de retourner dans la vallée paisible et de se consacrer aux choses plus terrestres.

Système des cotations de Kurtyka

Dans les années 80, Voytek élabore son tableau de cotations, nommé l'échelle de Kurtyka ou de Cracovie. Son principe : élargissement du 6 contrairement au modèle américain qui développe le 5, tout en préservant extrêmement difficile comme un ultime degré en escalade.

USA FRANCE UIAA KURTYKA
5.7 4 V- IV+
5 V-
5.8 V V
5.9 V+ V+
5.10a 5 VI- V+/VI-
5.10b VI-
5.10c 6a VI VI
5.10d 6a+ VI+ VI+
5.11a 6b VII- VI.1
5.11b 6b+ VII VI.1+
5.11c 6c VII+ VI.2
5.11d 6c+ VIII- VI.2+
5.12a VI.2+/VI.3
5.12b 7a VIII VI.3
5.12c 7a+ VIII+ VI.3+
5.12d 7b IX- VI.4
5.13a 7c IX VI.4+
5.13b 7c+ IX+ VI.5
5.13c 8a VI.5+
5.13d 8a+ X- VI.5+/VI.6
5.14a 8b X VI.6
5.14b 8b+ X+ VI.6+
5.14c 8c VI.7
5.14d 8c+ XI- VI.7+
5.15a 9a XI VI.8

 




Dossier proposé par Piotr PACKOWSKI
Mis en ligne le mercredi 31 octobre 2018 à 09:42:36

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