Janusz Kurczab - Un alpiniste d'ascensions directes
Lieu: Pologne
Date: 2022-05-08
Confidentiel: Non
Objet :
Portrait de Janusz Kurczab - Un alpiniste polonais d'ascensions directes
à Robert
Note :
Janusz Kurczab (pseudo Jano) - naît le 6. septembre 1937 à Varsovie. Jeune, Jano pratiqua l'escrime depuis 1955 et devint un des meilleurs épéistes de Pologne. En 1959, il représente la Pologne lors des championnats du monde. En 1960, il participe aux JO de Rome. Un an plus tard, il devient champion d'Europe avec son équipe de Legia Varsovie. En 1961 et 1962, son équipe se place deuxième lors de la Coupe d'Europe. Jano fut plusieurs fois champion de Pologne. Dans les années 1950-1955 il pratiqua également la natation.
Il commença l'escalade en 1957 dans les Tatras polonais et slovaques. C'est l'escrime qui a lui donné probablement l'esprit de combativité. Dans sa carrière d'alpiniste, Kurczab ouvrit environ 40 nouveaux itinéraires des deux côtés des Tatras, et réalisa plusieurs premières hivernales. Entre autre sur le Kazalnica (La Chaire) ou il participa à l'ouverture du Grand pilier et de l'Égout ? deux itinéraires qui ont révolutionné l'alpinisme polonais.
Kurczab étudia parallèlement l'escalade à L'Académie des Sports de Varsovie et devint entraîneur. Il coacha des jeunes et participa à la première ascension de la mythique « Kurtykouvka » sur le Petit Meunier en Slovaquie, itinéraire imaginé par Voytek Kurtyka.. À l'Académie, Kurczab organisa un colloque concernant le techniques et l'entraînement en alpinisme. L'événement suivi par plusieurs jeunes adeptes d'alpinisme, parmi eux, Jerzy Kukuczka.
Suite au dégel politique de 1956, les alpinistes polonais découvrirent les Alpes à partir de 1957.
Jano participa à la première hivernale de la Bonatti-Gobbi au Grand Pilier d'Angle en 1971 (avec Dworak,Mroz et Piotrowski). Puis il récidiva avec la première hivernale à la Via dell'Ideale à la Marmolada et de la voie Stösser à la face sud de Tofana di Rozes. Jano ouvrit un nouvel itinéraire sur le pilier Est des Droites. Par ailleurs il réalisa plusieurs ascensions notables dans les Alpes: pilier Bonatti aux Drus, éperons Walker et Croz aux Grandes-Jorasses, voies Major et La Poire au Mont-Blanc. Dans les Dolomites: voie Philippe-Flamm à la Civetta, éperon des Écureuils (troisième ascension) sur) à la Cime Ovest di Lavaredo, face SO de la Cima Scotoni ainsi que la face SO de la Roda di Vaèl.
Entre les voyages à l'Ouest, Kurczab était très actif dans les rochers du Jura polonais, près de Cracovie. Il grimpa également en Grèce, dans le Yosemite, les montagnes du Canada et dans les Rocheuses.
Hormis sa carrière d'alpiniste de haut niveau Jano continua son métier d'entraîneur, en dirigeant les camps hivernaux pour les jeunes talents. Personnellement, j'en ai gardé un très bon souvenir. Jano avait une très bonne approche en nous laissant la liberté totale dans le choix de nos entreprises à condition qu'elles ne dépassent nos capacités.
Dans les années 70, Kurczab réalisa son ultime objectif en devenant le deuxième leader d'expéditions après Andrzej Zawada. C'était un leader charismatique, selon les Polonais, plus sportif et plus démocratique que son concurrent Andrzej. Il ne interclassait pas aux répétitions des voies classiques. Il n'intervenait pas d'office dans la composition des cordées sommitales. Parfois les décisions étaient prises à la façon suisse par le biais de « votations. »
Kurczab a conduit six expéditions dans les plus hautes montagnes du globe. 1972 fut l'année de son premier succès : nouvelle voie en style alpin sur le Noshaq. En 1974, son expédition a gravi le Shispare dans le Karakorum. Jano en profita pour réaliser une ascension solitaire de Ghenta Sar.
Ses objectifs étant ambitieux, Kurczab a essuié plusieurs échecs. En 1976 et 1982 ses alpinistes furent demi-tour au K2 lors de tentatives pour ouvrir de nouveaux iténéraires. Entre autre l'arête NE du K2 (abandon à 8400 mètres), tentatives ambitieuses sur le Makalu (1978) et le Manaslu (1980).
Kurczab, autant que Nyka et Kielkowski fut une encyclopédie vivante de l'alpinisme polonais. Il a publié plusieurs ouvrages concernant les Tatras et l'Himalaya. Il fut coauteur de la Grande Encyclopédie de Montagne avec les Kielkowski. En outre, il a édité plusieurs guides de montagne et a collaboré avec les magazines polonais Wspinanie et Gory. Après la retraite de Jozef Nyka, il a dirigé pendant quelques années la revue fédérale Taternik (2003-2013).
Pendant de nombreuses années, Jano fut Présidant du club d'alpinisme de Varsovie, membre d'honneur de la PZA (fédération polonaise d'alpinisme). À deux reprises, il fut décoré de la médaille du Mérite Sportif. À titre posthume, il fut nommé Chevalier de la Croix de la Renaissance de Pologne, la plus haute distinction civile polonaise.
Jano acheva son existence en vivotant avec sa petite retraite. Il disparaît le 11 avril 2015 à Lodz emporté par le cancer. N'ayant plus de famille, ses obsèques furent financés par son compagnon Robert Baranowski. Une vente aux enchères fut organisée par son club pour diminuer les frais. Il repose au cimetière de Brodno à Varsovie.
Dossier proposé par Piotr PACKOWSKI
Mis en ligne le samedi 07 mai 2022 à 23:31:24