La Tribune du G.H.M.

EVEREST, Comédiante, Tragédiante, ridicule qui tue.

EVEREST, COMEDIANTE, TRAGEDIANTE.

HALTE AU RIDICULE QUI TUE.

RAPPELS :

Chomolungma, nom tibétain et sherpa. De : cho bouddhisme (un des mahayana), chomo dieu, lung vent, ma féminise dieu en déesse, d'où Chomolungma = Déesse des vents, ou, pour des Occidentaux = Déesse mère des vents.

Sagarmatha, nom népalais. De : matha-sagar. Matha ou ma au-dessus, (se rappeler le surnom de Gandhi Ma-atma = grande âme ), Sagar océans. Au dessus des océans. Qui domine. Au-dessus de tout.

Everest, nom de l'Anglais chef des services géodésiques de l'Inde colonisée.


Deux photos représentent des individus serrés les uns contre les autres en une longue file indienne sur les arêtes d'une montagne. La plupart sont des Zozos en recherche d'exploit se prétendant alpinistes ou himalayistes qui s'acheminent vers deux sommets : le mont Blanc le plus haut sommet de l'Europe occidentale, l'Everest-Chomolungma-Sagarmatha le plus haut sommet de la terre. Certes, ceci n'est qu'un début, nous ne sommes que 7 milliards sur la terre, mais on en annonce, et personne ne se révolte contre cela, 10 milliards. Demain verra-t-on un double chemin des cimes, sens montant, sens descendant et des sommets aplanis pour accueillir les foules ?

Si des individus désirent gravir le mont Blanc par sa voie normale pour en tirent gloire, why not, le ridicule n'a jamais tué. Mais que des pseudo alpinistes veuillent gravir l'Everest-Chomolunga- Sagarmatha pour cueillir quelques brins de notoriété, célébrité ou gloire pose problème. Je cite quelques arguments étayant cette affirmation :

- le permis népalais qui permet de tenter cette ascension coûte quelques 20.000 euros, les frais d'agence facturés varient de 35.000 à 50.000 euros. Un prétendant à l'ascension de ce sommet doit donc débourser 55.000 à 70.000 euros. Or ce sommet se situe dans le pays le plus pauvre de l'Asie, un des plus pauvres du monde. J'ai souvent écrit que j'ai vu dans une rue du bas Baktapur un nouveau-né mourir de faim. Oui j'ai bien écrit mourir de faim. Sa mère m'a dit : C'est le troisième, je ne mange pas assez je n'ai pas de lait. Les mots absence totale de moralité me semblent applicables à des individus ne tenant pas compte de cette réalité.

- la pose d'échelles et de cordes fixes (versant népalais, cascade de glace, pentes sous le col Sud et ressaut Hillary) est considérée comme normale.

- de même l'utilisation de sherpas pour installer les camps, les ravitailler en vivres, combustible et oxygène. Une année, mon beau-frère Gurmen a été cook au camp deux. Il préparait la nourriture des membres d'une expédition !

- ce sommet tue. Quelques Occidentaux qui ont fait un choix, n'en parlons pas. Mais aussi des autochtones qui eux sont sur les flancs de cette montagne pour gagner un salaire. Ces autochtones, de l'ethnie sherpa pour la plupart le font sans plaisir. Paroles d'un vieux Sherpa maintes fois répétées « Si je fais ce travail c'est pour que mon fils n'ait pas à le faire ». Aucun équipeur, aucun guide autochtone conduisant des clients au sommet, contrairement à ce qui a été écrit, ne s'est enrichi. Je parle de cela en connaissance de cause mes deux beaux-frères ont été guides. L'un, Mingmar, écrasé aves ses deux amis guides et leurs trois clients sur l'Ama-Dablang, n'a pas eu le temps de s'enrichir. L'autre, Gurmen mentionné ci-dessus a, un jour, conduit un client au sommet de Sagarmatha. Revenu au camp de base ce client a pris un hélicoptère pour ne pas avoir à payer la somme qu'il devait à son guide. Gurmen a abandonné dès qu'il a pu cette profession pour cela et à cause des énormes risques à prendre à chaque ascension, risques jugés normaux par les Occidentaux. Tous deux avaient conduits sept ou huit fois des clients au sommet de l'Everest.

- Ceux qui s'enrichissent ne sont jamais cités par les médias. Bravo à vous hauts fonctionnaires du Ministère du tourisme et patrons des agences de trek-expéditions.

L'ascension des sommets de plus de 8000 mètres a créé un précédent fâcheux. Un engouement nationaliste (drapeau au sommet) a voulu que dès la fin de la deuxième guerre mondiale chaque nation riche gravisse, au détriment de l'éthique, son plus de 8000 (Français Annapurna, Anglais Sagarmatha, Italiens K2, Suisses Lhotsé, Allemands-Autrichiens Nanga-Parbat, Japonais Cho-Oyu,...). Mais passée cette période, l'ascension de ces sommets a continué à être célébrée comme de grandes victoires. Le comble, la mention utilisation ou non d'oxygène n'était que rarement précisée !

Les médias, les publicistes sont des faiseurs d'opinion, ils sont ainsi des incitateurs au choix des ascensions. L'alpiniste-himalayiste au top niveau va aux ascensions qui sont, au retour, porteuses d'articles, de récits. Ceci est illustré par l'ascension des 14 ( ? ) plus de 8000. Vive la compétition-scoop. Combien de morts a-t-elle causé ? Qu'importe les morts pourvu qu'on ait le scoop ! Namasté Lafaille, tu aurais pu laisser ton nom sur un bel éperon sur un beau sommet himalayen mais tu es allé mourir sur une voie normale N fois gravie. Il y avait d'autres facteurs que celui de l'altitude pour célébrer des ascensions exploits. Auraient pu être pris en compte la beauté, la difficulté d'un itinéraire, l'ouverture de voies nouvelles. La beauté est une notion subjective, je ne fais que la citer. La difficulté par contre se mesure : six degrés pour la cotation générale d'une course de F = Facile à E.D. = Extrêmement difficile en passant par P.D. Peu difficile, A.D. Assez difficile, D difficile, T.D. Très difficile. Les voies normales des plus de 8000 ne dépassent pas le niveau P.D., la difficulté A.D. est exceptionnelle. Les deux voies normales, tibétaine et népalaises sur l'Everest-Chomolungma-Sagarmatha sont à classer F. No comment !

Allez, organisateurs d'expéditions, allez rapporteurs d'exploits, continuez à envoyer à la mort des Sherpas (17 sur la cascade de glace en 2014). Allez faux-alpinistes-himalayistes sans moralité mais en mal de célébrité-bidon, courez vite tenter une voie « F » gravie des milliers de fois en utilisant de l'oxygène de bonbonne (une centaine seulement sans oxygène !) cela ne vous coûtera que 50.000 à 70.000 euros.

Sigayret, Canet septembre 2019.

Cliché pris en 2012, de Ralf Dujmovits, lors de l'ascension de l'Everest



Article proposé par Henri SIGAYRET
Mis en ligne le mardi 17 septembre 2019 à 20:21:32

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