Jean-Pierre FRESAFOND

Année du décès: 2023
Profession : Chef d'entreprise.


Des moments exceptionnels que ces soirées au coin du feu en Provence où Jean-Pierre entonnait de sa voix de stentor une chanson paillarde, un verre de vin à la main ! Que de joyeuses veillées en haute-montagne ou au bivouac. Jean-Pierre aimait débattre sur des sujets de société. Amateur de bon vin, entreprenant avec les filles, boute en train. Un vrai personnage de Shakespeare... Jean-Pierre est arrivé au Club alpin en 1962 dès son retour du service militaire en Algérie. Il était vêtu en parachutiste pour cette première sortie d'escalade à Solutré ! Il avait soif d'aventures et la montagne est vite devenue le fil conducteur de sa vie. Il se fait remarquer par sa jovialité et son enthousiasme. S'il n'était pas un des plus forts grimpeurs du club, il compensait par son énergie, son goût pour l'organisation et les projets ambitieux. Il a participé puis organisé de nombreuses expéditions en Himalaya, en Iran et dans les Andes. Sa liste d'ascensions en montagne est impressionnante : éperon Walker aux Jorasses, pilier Bonatti aux Drus, premières dans le Vercors, etc. Sa plus marquante réussite fut l'expédition lyonnaise au Gasherbrum II (8035 m). Sous ses dehors truculents Jean-Pierre cherchait un sens à sa vie. Il a été un auteur prolifique sur des sujets éclectiques, notamment concernant le Père Jésuite Teilhard de Chardin. Il avait créé en octobre 2007 l'association lyonnaise Pierre Teilhard de Chardin, émanation indépendante de l'Association parisienne « Les Amis de Teilhard de Chardin » et en a assuré activement la présidence jusqu'en mai 2015. Ses livres allaient des récits d'expéditions, Gasherbrum, Nanga Parbat, au questionnement sur les religions. Pendant les années 1980 à 1983 il fut un excellent président de la section lyonnaise du Club Alpin. Il présida aussi le prestigieux GHM en 1990. Devenu un notable reconnu (prudhommes, présidence d'associations), ses articles dans les revues de montagne déclenchaient souvent des polémiques.
Jean Pierre n'a pas fait qu'escalader des parois, voyager ou philosopher, il avait créé sa petite entreprise, autre aventure...
Ces dernières années le déclin cognitif a eu raison de sa forte personnalité et de son appétit de vivre...
Toutes les condoléances du Club à son fils Pierre-Benjamin et sa soeur Anne-Marie qui l'ont accompagné jusqu'à son départ.

Bernard Conod (CAF Lyon, La Revue Alpine)

___________________________________________________________________________

Jean-Pierre Frésafond était une forte personnalité, très attachante. Je l'ai mieux connu alors que nous étions tous deux membres du G.H.M., bien que l'ayant croisé à de nombreuses reprises à Presles, lors des week-end de grimpe. De fréquents échanges avaient permis de mieux nous connaître. Son aura était grande, avec ses réussites en expédition, ses actions multiples en faveur du milieu de l'alpinisme, mais également ses engagements sur les questions de la spiritualité. Il aimait aborder ces sujets parfois brûlants, avec passion, autour d'une bonne table. Il n'avait pas la réputation d'être un grimpeur hors-pair, mais accompagné des meilleurs grimpeurs lyonnais de l'époque, tous disparus, Javel, Georges Durand, Eric Escoffier et bien d'autres, il parcourait les voies calcaires les plus difficiles du moment, souvent ouverte par Bruno Fara et ses potes, comme le regretté Jean-Marcel Chappuis. Le soir, dans l'unique petit café de Presles, c'était alors une atmosphère festive unique chaque week-end, qui dérapait parfois, mais jamais gravement, car on ne buvait que de la limonade... Il en est resté de nombreux souvenirs, qui marquent une période à vie. Jean-Pierre était au milieu de ce petit monde agité, mais sympa, comme un père dont on se moquait parfois, mais qui forçait toujours l'admiration. Très impliqué dans la vie associative alpine, il avait poussé ma candidature pour devenir président du G.H.M., comme lui, afin de tourner la page Marmier qu'il avait pourtant contribué à placer à la tête du G.H.M.. La lutte des lyonnais contre les parisiens/chamoniards était présente dans de nombreux échanges avec lui. C'était un peu un faiseur de roi. Son énergie et sa clairvoyance sur la nature humaine étaient deux de ses atouts. Son bilan est immense, et le G.H.M. lui doit encore beaucoup aujourd'hui. Patron dans l'âme, il avait fondé une entreprise florissante, après avoir vécu une jeunesse dans un milieu modeste qui l'avait marqué. Après la guerre d'Algérie, il était revenu à Lyon, et avait commencé sa carrière d'alpiniste, avant de devenir un formidable organisateur d'expéditions à travers le monde, Himalaya, Indou-Kouch, Pérou,.... Un de ses plus grands fait d'arme est certainement l'ascension du Gasherbrum II au Pakistan, premier 80O0 lyonnais, dont il relate le déroulé dans un livre éponyme qui fut un beau succès de librairie. Après avoir donné de son temps et de son énergie pour l'alpinisme pendant des années, il se tourna vers des questions plus fondamentales, autour de la spiritualité. La question de l'Islam l'interrogeait beaucoup. De même, il avait eu un coup de foudre pour l'abbé Pierre Teilhard de Chardin, auquel il consacra là aussi un ouvrage sur le sujet. Insassiable organisateur, il monta une association lyonnaise sur Teilhard de Chardin, toujours active aujourd'hui. La maladie lui enleva cruellement pendant de longues années l'énergie infinie qu'il avait en lui. Sa disparition est une immense peine pour ses amis et ses proches, mais certainement une libération aussi. En tout cas, la passion de Jean-Pierre, la Fraise pour les intimes, restera pour toujours présente parmi tous ceux qui l'ont connu ou approché, et on put ainsi l'estimer.

Yves Peysson (GHM)