Evènement médiatique majeur du monde de l'Alpinisme international, le Piolet d'Or récompense la performance alpine la plus marquante de l'année écoulée. Créé en 1991 par le G.H.M. et Guy Chaumereuil alors rédacteur en chef de la revue Montagnes-Magazine, il s'est déroulé de nombreuses années à Autrans dans le cadre du festival du film de montagne, puis à Chamonix. Les 10ème et 11ème éditions ont eu lieu à L'Argentière-la-Bessée (Hautes-Alpes), à l'occasion des Internationaux de la Cascade de Glace, pour la douzième, le Piolet d'Or s'est déplacé à Paris à l'Espace Cardin. La treizième édition a vu le retour du Piolet d'or dans les Alpes, la cérémonie s'est déroulée à Grenoble, dans les salons d'Alpes Congrès, le 6 février 2004.
PIOLET D’OR 2005
La cérémonie de remise du 14ème Piolet d’Or s’est déroulée
le vendredi 25 février 2005 à Grenoble devant environ 1000 spectateurs. Le député
maire de Grenoble, monsieur Michel
Destot ainsi que monsieur Alain Pilaud, chargé des affaires de montagne pour la
ville de Grenoble, étaient présents pour la soirée. Un certain nombre de
personnalités du monde de l’alpinisme étaient également présents comme L.
Berardini, H. Giot ou encore J.C. Marmier.
Le jury
Le jury que nous voulions international, réunissant plusieurs générations d’alpinistes, pour une meilleure appréciation des performances des lauréats, était composé cette année de :
Le président : Krzysztof
Wielicki, polonais, membre du GHM, himalayiste de renommée mondiale, cinquième
alpiniste à avoir fait les 14 huit mille, auteur de plusieurs solos sur des
huit mille notamment le premier solo sur un huit mille en hiver.
Yvette Vaucher
: pour la première fois dans l’histoire du jury du Piolet d’Or, une femme
fait partie du jury. Yvette est suisse, membre du GHM, alpiniste de grande
classe ayant une liste de courses impressionnante touchant toutes les facettes
de l’alpinisme classique.
Valeri Babanov,
russe, membre du GHM, et Yuri
Koshelenko, présents en tant que lauréats de l’an dernier.
Stéphane
Benoist, français, membre du GHM, guide et alpiniste professionnel avec
plusieurs réalisations d’envergure notamment au Thalay Shagar, qui lui a valu
une nomination au Piolet d’Or et le Cristal FFME en 2004.
La rédaction de Montagnes Magazine, co-fondateur du piolet, représentée par Philippe Descamps.
Guy Chaumereuil, co-fondateur du piolet, chroniqueur montagne et directeur général du CAF.
Leslie Fucsko, président du GHM, 28 années d’alpinisme, une douzaine d’expéditions et plusieurs ouvertures sur des « big wall » un peu partout dans le monde.
Les lauréats :
1. Steve House
(USA) pour sa dernière ouverture en
solo dans la face sud-ouest du K7 6942m, Pakistan
2. Elio Orlandi,
Luca Fava et Horacio Codo (Italie et Argentine) pour leur ouverture de la
voie « Linea di Eleganza » , en face nord-est du Fitz Roy 3440m ,
Patagonie Argentine
3. Kevin Mahoney
et Ben Gilmore (USA) pour leur ouverture de la voie « Artic Rage »
en face est de Moose’s Tooth 3150m, Alaska
4. A.Odinstov,
A.Ruchkin, S.Borrisov, M.Mikhailov, G.Kirievski, M.Perchin, K.Totmianin,
A.Bolotov, E.Prilepa, D.Pavlenko (Russie) pour leur ouverture de la première
voie directe de la face nord du
Jannu 7710m, Nepal
5. Jean-Christophe
Lafaille (France) pour sa dernière ascension en solo de la face sud du
Shishapangma principal 8046m, Tibet
6. Tomaz Humar
et Ales Kozelj (Slovénie) pour leur ouverture de la voie « Johan’s
route » en face sud de l’Aconcagua 6960m, Argentine.
Chaque année le
jury a la redoutable tâche d’extraire une seule réalisation d’une palette
très fournie, souvent difficilement comparable de par la diversité des
ascensions. Cette année nous
trouvions dans chaque ascension, des critères de difficulté et d’engagement
hors du commun dans des styles très différents et variés. Ces réalisations
très complexes de par leur technicité et souvent carrément à l’opposé, ne
facilitent en rien le choix du jury, toujours délicat et profondément
subjectif. Le choix du jury ne se
veut en aucun cas universel ou indiscutable, et encore moins le garant
de la suprématie d’une ascension sur une autre ! Ainsi le
« Piolet d’Or » n’est
pas une reconnaissance absolue et universellement acceptable, de même qu’en
alpinisme il n’y a pas de style ou de forme de pratique universellement
bonne ou mauvaise. La seule bonne forme d’alpinisme ne serait-elle pas
justement celle qui respecte les
différentes formes et styles qui font la richesse de notre passion. En
alpinisme les critères évoluent sans cesse avec le matériel, les moyens de déplacement,
la connaissance et la préparation physique ;
d’autres sont pérennes : la manière de faire et l’art de
gravir, l’histoire humaine qui nous fait rêver, la ténacité ou la volonté.
Au cours de nos débats, une question nous semblait essentielle: quel héritage
moral voulons nous transmettre aux futures générations d’alpinistes, quelle
évolution souhaitons nous ? Et c’est sans doute là,
la raison d’être du GHM et du Piolet
d’Or. Il n’est dès lors nul besoin de vous expliquer que le Piolet d’Or
n’est pas une vulgaire récompense, ou encore un prix suprême qui légitime
plus une forme spécifique d’alpinisme qu’une autre. Le Piolet d’Or essaie
de souligner avant tout un art d’être,
à travers l’art de gravir en alpinisme et
c’est aussi un moment
unique de réflexion sur les différentes
formes d’alpinisme à travers les réalités de l’alpinisme mondial.
Après plusieurs heures de discussion et d’échanges enrichissants, et des choix parfois très inattendus, suivis d’une partie de bras de fer mémorable entre plusieurs générations, le jury s’est finalement prononcé pour la réalisation de l’équipe russe au Jannu. Malgré des avis très divergents au sein du jury, la dimension historique de cette réalisation l’a emporté, même si le style lourd employé peut paraître discutable. L’esprit d’équipe des russes, un esprit qui est désormais souvent absent des expéditions occidentales basées plutôt sur la performance individuelle, est une autre dimension respectable et certainement un des facteurs les plus importants qui a permis la réussite de leur ascension.
Le prix du public, nouveauté du 14ème Piolet d’Or, a été décerné à Steve House pour son ascension du K7, réalisé dans un style diamétralement opposé à celui employé par l’équipe russe. Cette ascension restera sans doute une des réalisations majeures de l’année 2004.
Les avis divergents au sein du jury, comme le choix du public confirme la difficulté et la complexité d’un classement hiérarchique, face à un éventail de réalisations de si haut niveau, dans une activité passionnante, englobant mille et une formes de pratique et autant de degrés différents d’appréciation.
Le Président du GHM
Leslie Fucskó
Dans la voie italo-argentine au Fitz Roy
La "Linea di eleganza" en face nord-est du Fitz Roy
Les ouvreurs au sommet
Passage d'artif dans le haut de la face sud-ouest du K7
Jannu, face nord, directe russe
Jean-Christophe Lafaille, auto-portrait durant l'ascension