De l'alpiniste, nous connaissons tous le palmarès exceptionnel, sans doute un des meilleur de sa génération dans le monde.

Ceux, qui comme moi, ont eu le bonheur d'être à ses côtés, à Fontainebleau, au Saussois, dans les Alpes, savent combien son action de précurseur fut déterminante pour l'histoire de l’alpinisme. Pour les jeunes générations il fut un exemple, un maître.

Par contre, on ne connaît que fort peu l'homme presque discret qu'il était, car il ne parlait guère de lui. J'ai eu le privilège et la joie, de le côtoyer, encore que je regrette aujourd'hui de n’avoir pu le voir plus souvent. Je sais combien René était généreux, ce fut un homme de cœur, ce qui a toujours été une qualité rare. Attentif à sa famille, soucieux pour ses enfants, combien de fois lors des bivouacs à la Cima Ouest, me parlait-t-il de Mireille, de Sylvie et de Pascal.

Il a du lutter car les débuts ne furent pas faciles. Son premier client fut mon père, lorsqu'il devint guide. Puis, il collabora avec les grandes marques de sport comme conseiller technique, en se montrant particulièrement inventif.

Souvent seul, souvent en hiver, il porta ces deux formes d’'alpinisme à un niveau exceptionnel, et le nombre de ses réalisations est tout à fait stupéfiant.

La façon dont il conduisait sa vie, à l'image de ses grandes voies, montre qu'il était un homme d'exception. Novateur également par son utilisation de la médiatisation, il fut à tort critiqué, mais que ne reproche-t-on pas aux meilleurs ?

Au-delà de toutes les difficultés surmontées tu as, avant tout, aimé la vie. Que de souvenirs mon vieux frère !

Tu nous as quittés, courageux face à la maladie, jusqu'au dernier jour. Sache que tu seras toujours là, avec moi, ta photo sur mon bureau. Tu sais bien que je t'ai beaucoup aimé, vieux conquérant de l'utile, merveilleux exemple.

Tu as rejoint la cohorte d'amis alpinistes disparus, eux aussi trop tôt. Cher René, prépare-moi une place afin que l'on puisse ainsi parler éternellement de cette montagne que nous avons tant aimée.